Pour une agriculture durable au sahel
Cultures maraichères - Agronomie
Défense des cultures

Le climat sahélien étant particulièrement sec, la pression parasitaire concerne essentiellement les insectes, dont la plupart sont vecteurs de virus comme l’aleurode, le puceron ou le thrips. Les maladies des parties aériennes sont peu présentes en dehors de la saison des pluies de mi-juillet à mi-octobre. Les champignons affectant les racines tels fusarioses et rhizoctones et les bactéries s’attaquant au système vasculaire tel que le coryné peuvent également affecter durablement une culture. Pour l’export, l’usage des produits phytosanitaires est de plus en plus restreint par les clients européens et fortement encadré par l’application de la norme GlobalG.A.P.

L’incidence économique de la majorité des ravageurs et des maladies est maitrisée par l’emploi de produits phytosanitaire utilisé en pulvérisation, par poudrage ou par injection. Cependant, les méfaits sur l’environnement et la santé humaine sont de plus en plus décriés par les associations de consommateurs et de plus en plus de scientifiques. Certains clients imposent à leurs fournisseurs une limitation drastique de l’usage de ces produits. Le principe de la lutte intégrée consiste à utiliser des insectes auxiliaires pour rétablir un équilibre entre les insectes nuisibles et utiles présent naturellement dans des écosystèmes équilibrés. Les produits phytosanitaires ne sont utilisés qu’en dernière solution.

Les légumes d’exportation au Sénégal et dans la sous région étant un marché marginal pour les firmes fabriquant les produits phytosanitaires, à l’exception de quelques insecticides et herbicides, la plupart des produits habituellement utilisés en production maraichère en Europe et au Maroc n’ont pas pour l’instant suivi de procédure d’homologation. Les produits homologués dans la sous-région pour la lutte anti-acridienne ou pour les productions destinées aux marchés intérieurs sont pour la plupart retirés du marché européen et donc inutilisables pour les productions destinées à l’exportation. Pour les procédures d’importation des intrants agricoles au Sénégal, il convient de se rapprocher de l’APIX (Agence National chargée de la Promotion de l’Investissement et des Grands Travaux).

Les principaux ravageurs et maladies sévissant en zone sahélienne sont abordés ci-après avec pour chacun d’eux une approche des principales méthodes de lutte. Ce chapitre n’aborde pas la reconnaissance des ravageurs et maladies. Le choix des auxiliaires, les doses, les fréquences et les modes d’introduction ainsi que les méthodes de suivie du parasitisme et des populations nécessite de former le personnel et l’acquisition d’expérience. Nous ne pouvons aborder ce vaste sujet ici et qui est du ressort des entreprises agricoles exportatrice et des écoles d’agriculture qui souhaitent développer ces pratiques.

- Maladies et ravageurs du sol

Les bactéries et champignons affectant le système racinaire et vasculaire, connus pour infecter la plupart des cultures maraichères au Sénégal sont :
– fusarium oxysporum sp. et fusarium solani, responsables de la pourriture des racines et/ou du collet sur aubergine, haricot, melon, tomate …
– pythiums notamment aphanidermatum, responsable de pertes racinaire sur concombre, haricot, pomme de terre, tomate …
– ralstonia solanacearum, responsable du flétrissement bactérien des solanacées en sols argileux
– rhizoctonia solani, responsable de la pourriture du collet sur jeunes plants de choux, haricot, pomme de terre, tomate …. , principalement lorsque l’humidité du sol est trop élevée en période chaude

De nombreux virus peuvent infecter les solanacées et les malvacées au Sénégal. La plupart sont transmis par l’aleurode bémisia tabaci et les thrips :
– Tylc : Tomato Yellow Leaf Curl Virus, virus transmis par bémisia tabaci
– Tswv : Tomato Spotted Wilt Virus, virus transmis par les thrips

Les curcurbitacées sont également affectés par des virus :
– Cmv : Cucumber Mosaïc Virus, virus transmis par les pucerons
– Wmv : Watermelon Mosaïc Virus, virus transmis par les pucerons
– Zymv : Zucchini Yellow Mosaïc Virus, virus transmis par les pucerons et mécaniquement

D’autres bactéries et champignons et virus sont plus spécifiques à chaque culture : voir le chapitre « Défense des cultures » Tomate sous abris.

Moyens classiques de traitement du sol

Le traitement des sols au Sénégal est essentiellement pratiqué pour luter contre les nématodes à galles de type méloidogynes. En l’absence d’intervention, ce nématode est à l’origine de dégâts très sévère sur les cultures maraichères. Le dichloropropène, l’un des produits les plus efficaces, est appliqué le plus souvent par coutres injecteurs à raison de 150 à 500 l/ha. La dose est adaptée en fonction de l’indice de galle relevé sur le précédant culturale (Voir « Cartographie Nématodes »), en insistant sur les allées et extrémités de lignes. Une forte irrigation précède de peu l’application, afin de mouiller le sol sur 80 cm de profondeur. Une irrigation suit l’application et le sol est maintenu humide sur cette profondeur pendant 3 semaines. L’efficacité de l’application est renforcée par un paillage du sol avec un film plastique d’environ 40 microns. L’application des produits est localisée sur la butte à 1/3 de la dose hectare de dichloropropène. Cependant, une partie des nématodes disséminée sur le reste de la parcelle par le travail du sol ne sont traités. Certaines firmes phytosanitaires préconisent l’injection dans l’irrigation d’un nématicide avant l’arrachage. Le dichloropropène est un produit toxique. L’application est réalisée par un distributeur agréé  au moins 21 jours avant plantation. Le dichloropropène a été retiré du catalogue européen en 2007 mais bénèficie toujours de dérogation dans plusieurs pays du sud de l’Europe. En cours de culture il est possible d’utiliser l’oxamyl dès les premiers symptômes. Pour ce dernier, le taux de résidus peut restreindre les marchés à l’exportation. L’application d’une couche de 10 à 15 cm de fumier humidifier sur le dessus du billon permet un redémarrage des racines.

Galles sur les racines du à méloidogyne spp.

Tableau 1 : Caractéristiques des fumigants

Tableau 2 : Produits de traitement du sol*

Méthodes alternatives au traitement du sol

Le traitement du sol par des moyens biologiques donne des résultats intéressants aussi bien au Maroc qu’en France à condition qu’il s’inscrive dans le temps et dans une stratégie général de lute contre les pathogènes et les ravageurs.
La biodésinfection consiste à implanter un engrais vert en inter-culture, de le broyer à un certain stade (généralement à la floraison), de l’enfouir par un passage de cover-crop et de couvrir le sol avec un film plastique d’environ 40 microns après avoir fait le plein en eau. Les modes d’actions de la biodésinfection sont :

  1. la modification de l’atmosphère du sol : élévation de la teneur en CO2 ;
  2. l’élévation de la température ;
  3. l’utilisation des propriétés chimiques de certaines plantes ;  

Comme le montre le tableau suivant, lors de leur décomposition, les bracicaés, comme le radis fourrager, ont la propriété de libérer dans le sol des composés toxiques pour certains pathogènes et ravageurs et en particulier pour les nématodes méloidogynes. Pour être efficace, la biodésinfection est pratiquée en période chaude et le film plastique est maintenu pendant une période minium de 45 jours et idéalement 60 jours (solarisation).

Tableau 3 : Sensibilité des pathogènes et ravageurs aux isothiocyanates et composés cyanydriques

L’engrais vert peut-être remplacé par un apport de 80 à 100 t/ha de fumier bien décomposé suivi d’une solarisation. L’introduction de maïs ou de sorgho fourragé en inter-culture, associé à une fumure organique importante (40 à 50 t/ha minimum) a également montré sont efficacité contre les nématodes de type méloidogynes. Des études récentes montrent une présence élevée de champignons pathogènes des nématodes pour les parcelles ayant reçu ce traitement. L’arachide et le crotalia juncea, une légumineuse semée en jours long, en inter-culture permet également de diminuer le niveau d’infestation et d’enrichir le sol en azote (environ 150 kg d’N / ha pour le crotalia).

Ces méthodes ne sont efficaces que si elles sont mises en place dès la 1ére année de mise en culture sur une parcelle exempte de nématodes à gales. Les parcelles peuplées de prosopis ou ayant reçu une culture légumière au cours des dernières années sont à proscrire. Il est recommandé de pratiquer l’engrais vert avant le 1er cycle et de maintenir un engrais vert durant tout l’inter-saison des cycles suivants. Des analyses trimestrielles permettent de suivre l’évolution des populations de nématodes. Cependant, ces méthodes montrent souvent leurs limites lorsque l’équilibre biologique initial du sol n’est pas favorable, par exemple pour des sols ayant reçu une désinfection classique durant plusieurs années. Ces méthodes alternatives sont peu compatibles avec les moyens de désinfection classique.

L’équilibre nutritif joue également un rôle dans la prévention des maladies vasculaires. La Fusariose (race 2) est favorisé par une nutrition calcique insuffisante des plantes en sol sableux. Son développement ralenti par des apports de chaux.

Lutte contre les bactéries et les virus

Les principaux moyens de lutte contre les bactéries et les virus visent à identifier l’origine de l’inoculum et à limiter sa propagation par tous les moyens :
– mesures d’hygiène du personnel dès l’entrée de la ferme : désinfection des mains, interdiction d’introduire des fruits et légumes de l’extérieur…
– sectorisation du personnel dès la plantation
– mesures d’hygiène du petit matériel, du matériel agricole, de l’outil de production…
– utilisation de variétés tolèrantes ou résistantes aux virus, s’informer sur l’origine des semences et sur les pathogènes qui y sont présent
– arrachage des plants atteints et contigus dès les 1ers symptômes
– éviter dans la mesure du possible l’importation des plants
– greffer les variétés sur des portes greffes résistant
Toutes les mesures limitant la prolifération des insectes, dont certains sont vecteurs de virus, sont décrites au chapitre suivant.

Le tableau suivant présente quelques uns des produits utilisables pour l’hygiène sur une ferme. Les doses les plus élevées sont généralement nécessaires pour obtenir l’effet virucide. Certains produits sont plus spécifiques pour lutter contre les virus, comme le Virkon à 0,5 ou 1 %.

Tableau 4 : Produits de désinfection

- Insectes des parties aériennes

En climat sec la prolifération des insectes est particulièrement importante. Une seule piqure test de puceron ailé est suffisante pour transmettre un virus à une culture de maïs doux ou de melon. Les méthodes de lutte intégrée sont décrites au chapitre défense des cultures de chacune des productions, accessibles à partir du tableau suivant. Cependant, l’introduction d’auxiliaires et l’utilisation raisonné de produits phytosanitaires sélectifs peuvent s’avérer insuffisantes dans le contexte sahélien : absence de biodiversité et ouverture sur des espaces immenses non protégés des vents dominants. La dissémination et le développement des insectes y sont exponentiels. Il est donc essentiel d’analyser l’environnement écologique de l’exploitation agricole et d’intervenir pour y créer un écosystème favorable aux cultures. Voir le chapitre Cultures maraichères – Agronomie, L’outil de production. Quelques mesures prophylactiques sont également à respecter comme ne pas implanter de cultures de plein champ à côté de cultures sous abris et éviter l’enherbement des parcelles. Pour le plein champ, il est parfois nécessaire de protéger les cultures des insectes vecteurs de virus à l’aide d’un voile non tissé de type p17.

Tableau 5 : Importance des insectes sur cultures maraichères en climat sahélien

- Maladies des parties aériennes

Le climat sahélien, généralement très sec en saison fraiche, est peu propice au développement des maladies. Cependant, l’alernariose et la bactériose peuvent affecter le feuillage après un orage ou en cas de brumisation excessive. L’oïdium, ou maladie des tâches blanches, est à surveiller en cours de culture si de la rosée est présente le matin sur le feuillage. Les moyens de lutte sont décris pour chacune des productions au chapitre « Défense des cultures ».

- Moyens de lutte contre les adventices

Les dicotylédones sont des réservoirs à ravageurs mais également à virus pour certaines d’entres elles. Aussi, les serres et les abords sont maintenus propre12 mois sur 12 à l’aide d’un herbicide total à base de glyphosate en mélange avec un insecticide comme le methomyl. L’efficacité du glyphosate est fortement renforcé en acidifiant l’eau et par l’ajout d’un mouillant. Les rangs de culture sont le plus souvent recouvert d’un paillage plastique blanc / noir qui limite l’enherbement.

Tableau 6: Herbicides

- Application des produits phytosanitaires

Les règles régissant l’application des produits phytosanitaires sont définis par le respect des bonnes pratiques agricoles et par le référentiel GlobalG.A.P. pour les entreprises certifiées. Le chef de culture ou le technicien prescrivant un traitement doit posséder un diplôme en agriculture. Elles sont rappelées ici brièvement.

Equipements

– Stockage des poudres au dessus des liquides dans un local spécifique ;
– Vestiaire équipé d’une douche ;
– Local d’entreposage du matériel de traitement ;
– Utilisation d’eau potable pour les pulvérisations ;
– Circuit fermé pour les postes fixes ;
– Bac de rétention des eaux de rinçage du matériel de traitement ;
– Plateforme cimenté de récupération des eaux de lavage pour les citernes tractées ;
– Etalonnage du matériel de traitement et des balances ;
– Affichage de pictogrammes d’obligation et d’interdiction.

Procédures

– Enregistrement du suivi phytosanitaire de la culture ;
– Déclenchement des traitements fonction de seuils de nuisance préalablement définis ;
– Enregistrement des consignes de traitement et d’application, ainsi que les fiches de stock ;
– Respect des doses homologuées pour la culture et le nuisible (0,1 l/hl = 1 l/ha maximum) ;
– Respect des Délais Avant Récolte (D.a.r.) et Délai Avant Plantation si désinfection de sol ;
– Gestion des délais d’entrée du personnel dans les serres après un traitement si mentionné sur l’étiquette produit ;
– Contrôle des Limites Maximum de Résidu (L.m.r.) par des analyses de contrôle des résidus ;
– Alternance et choix des matières actives pour éviter les phénomènes de résistance ;
– Choix des matières actives compatibles avec les auxiliaires ;
– Préparation des bouillies à l’aide d’adjuvants et si besoin correction de l’acidité (sauf pour le cuivre) ;
– Choix du matériel le plus approprié, choix des buses en fonction de la taille des gouttelettes souhaitées ;
– Affichage des consignes d’hygiène et de sécurité, des numéros de téléphone du centre anti-poisson, des centres de secours ;
– Classement des fiches de donnés sécurité pour chaque produit ;
– Contrat avec les sous-traitants imposant le respect des procédures d’application des produits phytosanitaires, en particulier pour les désinfections de sol ;

Application

– Réalisé par du personnel formé, ayant passé une visite médicale ;
– Ne pas traiter pendant les heures chaudes ;
– Respect des procédures pour le mélange de produits, ordre d’introduction dans la cuve… ;
– Si nécessaire, fermer les ruches la veille au soir et les maintenir fermées pendant la durée recommandée (voir listes des produits) ;
– Pour les traitements par injection, réduire l’irrigation la veille de l’application ; EC entre 0,7 et 1,3 mS/cm pendant l’application ;
– Application homogène des produits, généralement face inférieure des feuilles ;
– Identification des parcelles ou des foyers traitées à l’aide d’affiches, de bandes de chantier… ;
– Interdiction de boire, manger ou fumer ;
– Utilisation de tenus, gants, masques, lunettes, bottes pour la manipulation et l’application ;
– Nettoyage des tenus après chaque application ;
– Trousse de 1er secours disponible à proximité des applicateurs ;
– Enregistrement des heures d’utilisation des masques ;
– Rinçage 3 fois des emballages vides incinérés dans un incinérateur à haute température (cimenterie, …) ;
– Rinçage du matériel et enregistrement de l’utilisation des eaux de rinçage ;

Les adjuvants, par leur effet mouillant permettent d’améliorer la qualité de pulvérisation des bouillies et d’accroître l’efficacité des produits phytosanitaires. De même, l’acidification de l’eau des bouillies limite l’hydrolyse de certaines matières actives, plus rapide en milieu alcalin. L’acide sulfurique ou phosphorique est préférable à l’acide nitrique. Cependant, ils ne sont pas utilisés avec le cuivre, sous peine de phytotoxicité. Lorsque plusieurs produits sont appliqués simultanément, il est préférable d’éviter de mélanger ensemble une poudre et un liquide. Il est préférable d’appliquer la poudre avec une poudreuse. De même, l’on évitera de mélanger les produits ayant une action de contact avec les produits systémique.

Lors de la préparation des bouillies, les produits sont introduits dans la cuve rempli à 3/4 d’eau dans l’ordre suivant : acide, produit phytosanitaire, adjuvant. Les pulvérisations sont toujours réalisées de façon à mouiller la face inférieure des feuilles. L’utilisation de buses de petit diamètre, permet de réduire la taille des gouttelettes et donc d’augmenter le nombre d’impact / cm2. Il est alors possible de réduire la quantité de bouillie / ha sans changer la dose de produit commercial / ha. Les produits formulés à base de solvant et l’huile forment naturellement des gouttes plus petites que ceux à base d’eau ou en poudre.

Tableau 7 : Adjuvants

Acidification de l’eau

Pour une eau à pH 7,2 environ 150 cc d’acide nitrique 63 % pour 1000 l donne un pH à 5,5.
Valeur indicative, dépendant de la nature de l’eau à confirmer avec un pHmètre.

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