Ressources agronomiques sur les productions végétales au Sénégal

Tomate - Guide du producteur
La Tomate sous abris
Ferti-irrigation

La bonne gestion de la ferti-irrigation est le principal facteur permettant de maintenir l’équilibre entre la croissance végétative et la croissance générative d’une culture de tomate palissée, garant d’une bonne production jusqu’à la fin du cycle. Elle joue également un rôle primordial pour l’obtention d’un produit de qualité, exempt de nécrose apicale ou de défauts de coloration.

Chlorose sur feuille

- Irrigation

Pour les principes généraux de la conduite de l’irrigation des cultures maraîchères, voir le chapitre Cultures maraîchères -Agronomie, Ferti-irrigation.

Les sols sableux, et particulièrement les sables éoliens tel que rencontrés dans la région de St. Louis, ont une capacité de rétention en eau très faible. Le sol doit être maintenue humide dans la zone occupée par les racines, soit 60 à 70 cm de profondeur et 100 à 120 cm sur la largeur du billon. L’irrigation peut-être conduite manuellement à l’aide de tensiomètres ou automatisé à l’aide d’un Pyranomètre mesurant le Rayonnement Global (R.G.).

La conduite de léirrigation dans ce type de sol est proche des techniques utilisées en cultures hors-sol :
– des apports fréquents et fractionnés : ±1 mm / apport à raison de 3 à 6 apports quotidiens ;
– un 1er apport 1 à 2 h après le levée du soleil et un dernier au moins 2 h avant le coucher du soleil ;
– un volume d’irrigation journalier fonction de l’évapotranspiration sous serre ;

Pour une culture de tomate, ETR = ETP à partir de la floraison du 5ème ou 6ème bouquet (F5-F6). De la plantation au stade F5, l’irrigation est géré comme suit :
– irrigation fractionnée à raison de 80 à 100 m3/jour pendant les 5 à 6 jours précédant la plantation et le jour de la plantation jusqu’à l’achèvement de la plantation de la serre : la bute doit être détrempée (irrigation à la capacité au champ) sur toute sa largeur ;
– irrigation pendant 30 mn à 2 heures suivant la plantation : les mottes de chaque plants doivent être en contact avec l’humidité du sol ;
– irrigation suffisante les 24 h suivant la plantation : racines de 4 à 6 cm à l’extérieur des mottes ;
– volume d’irrigation limité les 5 à 7 jours suivant, à raison d’environ 100 à 250 cc/plante/jour, afin d’inciter les racines à descendre en profondeur et d’éviter l’asphyxie racinaire ;
– le volume d’irrigation croit ensuite régulièrement, géré en fonction des mesures tensiométriques.

Plus le débit des goutteurs est faible, plus le temps d’irrigation est long et plus le bulbe humide est large et le risque de percolation en profondeur limité. Plus le nombre de goutteurs par mètre linéaire de culture est important, plus l’apport d’eau est homogène au niveau de la couche de terre exploitée par les racines. L’optimum technique et économique en sol sableux est d’environ 1 goutteur tous les 20 cm ou 1 goutteur au pieds de chaque plante (cf. chapitre « Les rampes de goutteurs« ).

Seul un contrôle rigoureux des apports, de l’humidité du sol, et de la croissance végétative et générative de la plante assure une production élevée et de qualité. Ce contrôle est d’autant plus important que ce type de sol à faible rétention en eau sous un climat à forte demande hydrique nécessite une grande réactivité dans les décisions d’irrigation. Le tableau suivant présente le dispositif de contrôle des irrigations à mettre en oeuvre pour une exploitation de 10 à 20 ha de serres.

Tableau 1 : Dispositif de contrôle des irrigations pour une exploitation de 8 serres de 1,5 ha, soit 12 ha

Les mesures sont réalisées à l’aide d’un ECmètre, d’un pHmètre, d’un bécher de 5 l, d’un pied à coulisse, d’une règle de 40 cm, d’un marqueur, d’une fiche mensuel de contrôle journalier des apports, d’une fiche de contrôle journalier du drainage et de la tensiomètrie et d’une fiche mesure hebdomadaire de la croissance des plantes. L’observation à la tarière se fait sur des carottes de sols prélevés selon les mêmes modalités de profondeurs et de distance par rapport au goutteur que pour la tensiomètrie. L’appréciation visuelle est subjective mais très efficace pour un observateur averti qui met en relation ces observations avec le comportement des plantes. L’observation des plantes est essentiellement basée sur l’évolution de l’aspect des têtes. Si la tige en tête est fine et que les feuilles deviennent petites (forme de la plante en sapin), l’irrigation est probablement insuffisante. Si les têtes des plantes (apex) deviennent jaunes, il s’agit le plus souvent d’une carence en fer induite par une asphyxie racinaire provoquée par une sur-irrigation. L’on observe alors une détérioration de l’extrémité des radicelles (pourritures), zones d’absorption du fer. Il peut s’agir également d’une conductivité de sol insuffisante. Pour l’interprétation des mesures des plantes consulter le chapitre « Observation de la croissance des plantes« .

- Fertilisation

Le principe de la ferti-irrigation est de fertiliser en continue la culture en utilisant des engrais solubles très purs en acidifiant l’eau d’irrigation pour obtenir un pH compris entre 5,5 et 6,8. En sol riche en matière organique sans amendements minéraux, la fertilisation commence à la floraison du 1er bouquet, avec une EC de 2 pour faciliter la croissance générative (sortie des bouquets). L’objectif est d’obtenir une conductivité du sol constante pendant toute le cycle : entre 2,5 et 3,5 mS/cm mesurée avec une canne de drainage ou 0,6 à 0,8, mesure d’un échantillon de sol mis en suspension dans l’eau dans un rapport 1/2 (v/v). Les valeurs courantes de conductivité à l’apport sont :
– EC de 1,2 à 1,5 : conductivité faible, en période chaude, lorsque le R.G. est élevé et/ou l’humidité relative faible ;
Une faible conductivité est également choisie lorsque la salinité du sol est trop élevée, les plantes présente une croissance végétative trop importante, pour les irrigations en fin de cycle (8 à 15 derniers jours) ou pour l’augmentation du calibre des fruits sans contraintes de qualité gustative ou de fermeté ;
– EC de 1,5 à 1,7 : plage de conductivité standard en période climatique optimum ;
– EC de 1,7 à 2,0 : conductivité élevée en début de cycle ou lorsque le R.G. est faible et/ou l’humidité relative élevée ;
pour une salinité du sol faible, des plantes trop végétative ou pour un objectif de qualité gustative et de fermeté ;

Les tomates cerises, cocktails et gustatives sont conduites avec la conductivité du sol la plus élevée, afin d’améliorer la qualité quitte à avoir une légère baisse de production. En sol calcaire, l’objectif de conductivité du sol est majoré de 20 à 30 %. De même, pour une eau d’irrigation initialement chargée en bicarbonate et en chlorure de sodium, il conviendra d’augmenter la conductivité à l’apport.

Les besoins en éléments minéraux de la tomate sous serre sont définis par les centres de recherche depuis les années 80 pour les principaux stades de développement de la culture. En 2000, quelques modifications ont été proposées par l’INRA afin de limiter le développement de la nécrose apicale sur fruit et accroître légèrement les rendements en climat estival. Ces solutions, exprimées en milliéquivalent par litre (meq/l)1 (Tableau n°3) sont transformées en équilibres d’éléments fertilisants (Tableau n°4), unité de mesure plus usuelle pour le producteur. La teneur en éléments fertilisants est normalement précisée sur les sacs d’engrais.

Les sols sableux de la région de St Louis étant pratiquement inerte

Tableau 2 : Solutions nutritives pour la tomate selon les stades en meq/l selon les stades en meq/l2

Tableau 3 : Equilibres en éléments fertilisants selon les stades

Le tableau suivant est un exemple de préparation de solutions mères correspondant aux équilibres du tableau n°3. Les sulfates et les phosphates sont incompatibles en mélange avec les engrais contenant du calcium. Pour respecter les équilibres, contrôler que 2 000 l de solution du bac acide sont consommés pour 4000 l de solution du bac A ou B. 

L’azote est apporté essentiellement sous forme de nitrate (NO3), la forme ammoniacale (NH4+) est limitée à 10 % (maximum 1,2 méq/l). L’absorption par la plante de NH4+ limite l’absorption des autres cations comme la potasse (K+) et le calcium (Ca++), avec un risque de défauts de qualité des fruits : taches immatures, nécrose apicale… Par conséquent, le nitrate d’ammoniaque et l’urée sont déconseillés. Le phosphate monoammonique (MAP)12-61, ou 11-55 moins coûteux, le phosphate urèique et l’acide phosphorique peuvent être utilisés pour l’apport en phosphate. Bien que le phosphate monopotassique (MKP) permette de réaliser un meilleur équilibre, il est peu utilisé car coûteux. Pour abaisser NO3 jusqu’à 9 méq/l, il est possible de remplacer une partie du nitrate de calcium par du chlorure de calcium. Les chlorures facilitent l’absorption du calcium. sont à éviter en sols calcaire car

En cas de pertes racinaire ou si les têtes des plantes jaunissent, il peut être nécessaire de porter la quantité de fer EDTA ou à 6 kg.

Tableau 4 : Quantités d'engrais en Kg pour la préparation des solutions mères en fonction du stade

Sommaire
Notes et Références
  1. 1Milliéquivalent (meq) = poids atomique / valence de l’atome / 1000 ; Milliéquivalent par litre (meq/l) = milligramme d’un ion / valence de l’atome.
  2. 2Diminution progressive des apports d’azote à partir du stade F2 selon nouvelles préconisations Ctifl Balandran, pouvant atteindre un équilibre en azote de 5 méq/l – Source : Info Ctifl n° 201 – mai 2004 ; Diminution de l’apport de K+ en période estivale – Source Inra d’Alénya – 2001 ( diminuer l’apport de K+, jusqu’à 1 méq/l => forte baisse cul noir) et source Info Ctifl n° 201 (nouvelles préconisations = rapport K+/Ca++ au drainage de 0,5 diminuant vers 0,1 au cours du cycle).
  3. INRA, Les maladies des plantes maraîchères, 3e éd.,Charles-Marie Messiaen, Dominique Blancard, Francis Rouxel, Robert Lafon, Paris(1991)
  4. INRA Alénya, Résultats de Recherche, Institut National de Recherche Agronomique, Perpignan (2001).
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