Ressources agronomiques sur les productions végétales au Sénégal

Tomate - Guide du producteur
La Tomate sous abris
Suivi agronomique

Le suivi agronomique régulier de la culture a pour but de maintenir un équilibre permanent entre les fonctions végétatives (tiges, feuilles, racines) et génératives (fleurs, fruits), seul garant pour assurer une production de qualité tout au long du cycle. Il permet également de contrôler la fécondation et d’identifier les défauts sur fruits et d’observer l’état du système racinaire. Tous ces observations permettent d’identifier sur les facteurs limitants sur lesquelles il convient d’intervenir : climat, ferti-irrigation, protection phytosanitaire, opérations culturales…

- Observation de la croissance des plantes

Le suivi de la croissance des plantes est une notion essentielle en culture de tomate palissé sous abri. Les assimilas disponibles pour la croissance sont dirigés vers les organes de la plante pour 2 usages :
– la multiplication des cellules : initiation de nombre de fleurs par bouquet et du nombre de cellules par fruit, élongation de la ample florale (rafle), de la tige et des bourgeons : c’est la croissance générative ;
– la croissance des cellules : grossissement de la tige et de la ample florale, développement des feuilles et des racines : c’est la croissance végétative ;

Il est essentiel de maintenir en permanence un équilibre entre la croissance végétative et la croissance générative. Or, cet équilibre peut très vite être perturbé pour diverses raisons :
– lié à la physiologie de la plante, naturellement très végétative jusqu’au stade F5 / F6 ;
– lié à la charge de la plante, élevée au stade F8 / R2, induisant une baisse de croissance générative  ;
– lié au climat : un climat chaud et sec entraîne une diminution de la croissance végétative ;
– lié à la conduite de la ferti-irrigation : une EC élevée favorise la croissance générative, une dose d’irrigation élevée favorise la croissance végétative ;

Le suivi de la croissance végétative et générative se fait en observant l’apex des plantes et en mesurant une fois par semaine :
– le diamètre de la tige à 20 cm de la tête  : un accroissement du Ø indique une accélération de la croissance végétative ;
– la croissance de la tige sur les 7 derniers jours, à l’aide d’une marque hebdomadaire sur la ficelle de palissage à l’aide d’un marqueur : un accroissement de l’allongement hebdomadaire indique une accélération de la croissance générative.

Ces mesures sont généralement réalisées sur une dizaine de plantes représentative de la culture. Les valeurs optimums dépendent de la variété et des conditions climatiques. Pour une tomate cerise, le Ø optimum est compris entre 8 et 10 mm et l’allongement de la tige entre 15 et 35 cm par semaine selon le Rayonnement Global disponible.  Pour la tomate ronde les valeurs optimum sont de 10 à 12 mm pour le diamètre et de 10 à 30 cm pour l’élongation. Une évolution rapide d’une semaine sur l’autre d’une des 2 mesures est un indicateur important traduisant un déséquilibre de la croissance des plantes. Il convient d’intervenir pour freiner et si possible annuler cette évolution en jouant principalement sur la ferti-irrigation et le climat. Un diamètre de tige trop faible induira par des bouquets avec des petits fruits. A l’inverse, un diamètre de tige trop important induira des bouquets avec de grosses fleurs aux sépales colées qui engendreront des fruits déformés.

Tige double caractéristique d'une croissance végétative excessive

Figure 1 : Mesure de la croissance végétative et générative

Dans cet exemple, la croissance générative est stable mais la croissance végétative a augmenté rapidement. La cause peut-être une irrigation trop abondante par rapport à la demande climatique. D’autre part, le nuage de points représentant la mesure des 10 plantes s’est élargi. Cela traduit une hétérogénéité de la culture du par exemple à des pertes racinaire de certaines plantes ou un retard dans le travail de palissage.

Il ne faut pas confondre croissance végétative et croissance générative. Par exemple, au stade F6 – R2, la charge en fruits des plantes est très importante. En période de jour court, cela peut se traduire par une diminution de la croissance générative. Les amples florales sont courtes et les fleurs petites, pales et peu nombreuses et fleurissent près de la tête. Il convient d’intervenir sur les facteurs permettant une relance de la croissance générative : améliorer la luminosité des abris, conductivité du sol suffisante, analyse de sol permettant d’évaluer les éléments fertilisants déficients : potasse, azote… En l’absence d’intervention, la plante s’autorégule dans un délai de 2 à 3 semaines pour s’adapter aux facteurs limitant. Entre temps, cette situation engendre des pertes racinaires avec une mauvaise absorption des éléments bivalents (Fe++, Mg++, Ca++). Les feuilles carencées sont claires en tête, les fleurs initiées au cours de cette période avortent ou donnent naissance à des fruits creux.

Une confusion avec une diminution de la croissance végétative conduit à intervenir à tord sur d’autres facteurs. La première erreur est de diminuer les doses d’irrigation avec pour conséquence des plantes moins végétatives entraînant une diminution du calibre des fruits. Constatant des carences en fer, magnésie et calcium, le producteur intervient par des injections de chélates de fer peu efficaces puisque très peu absorbés par les racines nécrosées. Les pulvérisations foliaires de magnèsie, calcium et oligo-éléments permettent de corriger temporairement les carences en ces éléments, ce qui est nécessaire, mais sans intervenir sur l’origine de ces carences. L’effet sur la croissance générative et donc sur le rendement futur de la culture est très limité.

- Suivi de la pollinisation

La pollinisation des fleurs de tomate est assurée par des ruches de bourdons importés d’Hollande ou de Belgique à raison de 4 ruches actives / ha pour la tomate ronde et 5 à 6 ruches pour la tomate cerise. La durée de vie des bourdons étant de 6 à 8 semaines, il convient d’introduire régulièrement des ruches en cours de campagne. Un hectare nécessite 14 à 18 ruches sur toute la durée du cycle. Elles sont installées à l’abris du rayonnement direct et isolées du sol, à raison d’un abri / ha. Les fleurs sont très pauvres en nectar. Aussi, les ruches sont équipées d’une réserve de sirop sucré, à compléter au besoin. Le marquage des fleurs par les bourdons est à contrôler au quotidien. Toutes les fleurs ouvertes depuis plus de 48 h doivent être marquées. L’emploie de certains produits phytosanitaires nécessite la fermeture des ruches la veille au soir avant le traitement. Elles sont maintenue fermées 24 ou 48 h et rouvertes tôt le matin (cf. « Liste des produits phytosanitaire »).

En période chaude, les bourdons assurent la ventilation de la ruche pour la refroidir et butinent peu les fleurs. Aussi, en début de cycle, la pollinisation nécessite quelques précautions. Les ruches sont introduites progressivement dès la floraison du 1er bouquet à raison d’une ou deux par semaine. Les fleurs sont vibrés 2 à 3 fois par semaine à la base des bouquets et soufflées tous les 2 jours. Pour une ferme de 24 ha, ces opérations nécessitent 8 à 10 ouvriers équipés de vibreurs électrique et de 2 autres équipés chacun d’un souffleur ou d’une poudreuse à moteur thermique.

Marquage d'une fleur par un bourdon

- Observation des défauts sur fruits

Le climat de Saint Louis est favorable à une production de qualité. Grâce à un rayonnement global élevé et une hygrométrie de l’air faible, les fruits présentent généralement un taux de matière sèche et un brix élevé. Les fruits de cette origine sont reconnus pour leur qualité gustative. Plusieurs défauts rencontrés en hivers sous climats tempérés, comme les fruits pointus ou déformés et les fruits creux sont peu fréquents au Sénégal. De même, le sol sableux légèrement acide est favorable à l’assimilation du potassium, élément facteur de qualité pour la tomate. Les points dorés, défaut lié à la teneur élevée du sol en calcaire, qui affect la qualité de la production du Souss Massa au Maroc est inexistant. La majorité des défauts présentés ci-après sont liés à des erreurs de conduites qui peuvent se corriger facilement. Les fortes températures peuvent être à l’origine de quelques défauts de qualité plus difficile à corriger. Cependant, le taux d’écart en tomate cerise est généralement faible au Sénégal, le plus souvent inférieur à 10 %.

Collet vert ou jaune

Ce défaut est fréquent au Sénégal sur des variétés sensibles. La zone pédonculaire du fruit présente au stade vert une coloration très soutenue. A maturité, cette zone reste ferme et présente une coloration verte ou jaune. Ce phénomène se produit lors d’une exposition directe au rayonnement, entraînant une augmentation importante de la température du fruit.

Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité sur la brumisation afin de maintenir une hygrométrie de l’air suffisante. Eviter les effeuillages trop importants en période estivale et favoriser une conduite végétative de la culture par une irrigation suffisante et des EC plus faibles. Partiquer également des augmentations de densité comprise entre 15 et 30 % au début du mois de décembre. L’ajout d’extra feuilles est pratiqué en dernier recourt pour corriger une culture trop peu végétative en période estivale.

Collet vert sur fruit

Fruits creux à facettes

Fruit creux à facette

Ce défaut est peu important au Sénégal. Le fruit présente 3 ou 4 facettes et des cavités loculaires partiellement vide. Ce phénomène est plus fréquent sur tomate grappe et ronde en jours courts sur les premiers bouquets. Les fruits présent un taux de matière sèche faible. Une mauvaise sortie des fleurs, des défauts de nouaison et une mauvaise alimentation du fruit en éléments nutritifs sont à l’origine du phénomène. La croissance végétative est trop rapide.

Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité sur la brumisation afin de limiter l’effet néfaste des fortes températures sur la nouaison et sur le lavage des filets afin d’augmenter la luminosité. Si besoin, remonter la conductivité du sol et éviter les excès d’azote. L’azote ammoniacal ne doit pas dépasser 10 % de l’apport azoté et le rapport K / N doit être supérieur à 2,2. Pour la tomate grappe et ronde, enlever systématiquement le dernier fruit. Contrôler la pollinisation et augmenter la fréquence du vibrage en période chaude si les bourdons ne travail pas suffisamment.

Fentes de croissance

Ce défaut est fréquent en début de récolte de culture d’automne. Le fruit présente des fentes radiales qui démarrent à partir du pédoncule. Les éléments de conduite provoquant des flux d’eau importants dans la plante sont à l’origine du phénomène. Les fruits ne résistent pas aux brusques changements de pression et éclatent. Les plantes peu vigoureuses et les fortes amplitudes de températures sont des facteurs aggravants.

Retarder l’heure du premier arrosage, fractionner les apports tout au long de la journée et veiller à maintenir une conductivité suffisante. La conductivité du 1er arrosage peut-être majoré de 0,5 mS/cm. Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité sur la brumisation afin maintenir une hygrométrie de l’air suffisante.

Fente de croissance

Microfissures

Ce défaut est fréquent au Sénégal. Il s’agit d’un réseau de petites fentes de la peau du fruit, principalement au niveau du collet, donnant un aspect grisâtre. L’initiation des microfissures se fait lors de la maturation, principalement lorsque les amplitudes thermiques et les variations d’humidité de l’air sont importantes. Une plante insuffisamment chargée en fruits est un facteur aggravant.

Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité sur la brumisation afin maintenir une hygrométrie de l’air suffisante. Retarder l’heure du premier arrosage, fractionner les apports tout au long de la journée et veiller à maintenir une conductivité suffisante. La conductivité du 1er arrosage peut-être majoré de 0,5 mS/cm. Effectuer un effeuillage plus important si la charge est temporairement plus faible et continuer à effeuiller régulièrement une fois la culture étêtée.

Nécrose apicale

Ce défaut est fréquent au Sénégal. Le fruit présente une tache noire déprimée à l’extrémité du fruit, autour de l’attache pistillaire. Dans les cas les moins graves, la nécrose peut être interne et limité à un petit nombre de graines, de couleur noires. Cette maladie physiologique est due à un défaut d’alimentation en calcium au niveau du fruit. Une irrigation insuffisante ou gérée par à-coups en est généralement la principale cause. Ceci est aggravé par des températures élevées et une hygrométrie faible.

Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité sur la brumisation afin maintenir une hygrométrie de l’air suffisante. Intervenir sur l’irrigation pour maintenir une humidité du sol suffisante tout au long de la journée. Diminuer l’EC d’apport si l’EC du sol est supérieur à 0,9 (rapport v/v de 1/2) et gérer la conductivité d’apport à la baisse en fonction du rayonnement. Diminuer fortement les apports de potasse et apporter éventuellement une partie du calcium sous forme de chlorure de calcium. Des pertes racinaire, du à un excès d’humidité ou à l’inverse un stress hydrique momentané est un facteur aggravant. Pour limiter le risque en période estivale, pratiquer des augmentations de densité, maintenir un effeuillage suffisant et limiter la taille des bouquets. Les fruits atteints au stade jeune sont maintenus sur la plante jusqu’à maturité car ils participent à l’équilibre fruits/végétation.

Nécrose apicale

Tâches immatures

Tâches immatures

Ce défaut peu apparaître par temps couvert ou lorsque l’irrigation est en excès. Le fruit présente des défauts de coloration avec des zones jaunes qui se maintiennent à maturité. L’on observe un brunissement des vaisseaux à l’intérieur du fruit. Ceci se rencontre généralement sur des plantes trop végétatives.

Intervenir sur les facteurs climatiques, en priorité en lavant les filets pour accroître le rayonnement. Retarder l’heure du premier arrosage, fractionner les apports tout au long de la journée et veiller à maintenir une conductivité suffisante. Pendant 1 à 2 semaines, augmenter la conductivité à l’apport tout en réduisant légèrement les apports d’azote et de calcium et en augmentant la potasse, apportée pour partie sous forme de chlorure de potasse. Favoriser l’éclairement des bouquets par des effeuillages réguliers et plus importants (au moins 2 bouquets dégagés).

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