Ressources agronomiques sur les productions végétales au Sénégal

Tomate - Guide du producteur
La Tomate sous abris
Implantation de la culture

L’implantation de la culture comprend toutes les étapes comprises entre le choix de la variété et l’entrée en production. L’élevage du plant et la reprise après plantation sont deux phases critiques. Elles conditionnent le potentiel de rendement pour toute la durée du cycle. Les charges engagées avant l’entrée en production étant très importantes, le remplacement d’une culture male implantée a souvent des conséquences économiques lourde pour l’entreprise.

- Les différents types de tomates

Rondes gros calibre

Fruit rond, parfois légèrement côtelé, d’un calibre supérieur à 77 mm et d’un poids moyen compris entre 180 et 280g, peu ferme.

Ce type commercialisé en plateau lité sur 1 rang, sous l’appelation Beef pour les fruits d’un poids supérieur à 230 g, représente une part de marché limité en Europe. Il est rarement cultivé au Sénégal car le fruit support difficilement le transport sur une longue distance.

Tomate ronde gros calibre

Rondes, calibre intermédiaire

Tomate ronde, calibre intermédiaire

Fruit rond, d’un calibre compris entre 47 et 77 mm, soit un poids moyen de 70 à 160 g, généralement ferme

La tomate ronde représente une part de marché de 44 % en France. Les marchés du nord de l’Europe recherchent principalement un calibre compris entre 47 et 67 mm alors que le sud privilègie les calibres compris entre 57 et 77 mm. Elle est le plus souvent commercialisée en vrac ou litée sur 2 rangs en carton de 6 kg et en barquette de 500 g ou 1 kg. Les variétés les plus fermes de longue conservation peuvent être produites au Sénégal.

Allongées, calibre intermédiare

Fruits oblong d’un poids moyen de 90 à 110 g, ferme et peu juteuse.

Ce type représente une part de marché de 5 % en France. Il est commercialisée en vrac ou litée sur 1 rang et en barquette. Il n’est pas à ce jour cultivée sous abris au Sénégal pour le marché export. En tomate déterminée de plein champ, elle représente le coueur du marché local et de la sous-région

Tomate allongée, calibre intermédiare

Grappe, calibre intermédiaire

Tomate grappe

Fruit rond, d’un calibre compris entre 57 et 67 mm, en grappe de 4 à 6 fruits, à texture juteuse.

Ce type représente aujourd’hui une part de marché de 39 % en France. Il est commercialisé en vrac et en barquette de 500 g. Les variétés les plus fermes peuvent être produites au Sénégal à condition de maîtriser la propreté des grappes et la tenue de la fraîcheur lors du transport. Ce produit nécessite une parfaite maîtrise de la chaine du froid.

Cocktail grappe

Fruit rond, d’un calibre compris entre 30 et 35 mm, ferme, généralement sucrés et acidulés.

Les tomates cocktail et cerise représentent une part de marché de 12 % en France. La tomate cocktail est essentiellement récoltée en grappe et commercialisée en barquette de 500 g. Cultivée au Sénégal, elles nécessitent les mêmes précautions que la tomate grappe de calibre intermédiaire.

Tomate cocktail grappe

Cerise Fruits rond, d'un calibre compris entre 20 et 28 mm, ferme, généralement sucrés et acidulés.

Tomate cerise grappe

La tomate cerise est essentiellement récoltée en vrac et commercialisée en carton de 4 kg et en barquette de 250 et 500 g. Il existe de nombreuses variétés, dont certaines sont de forme allongée, de couleur jaune ou rose, etc… Ces variantes constituent pour l’heure une diversification avec une part de marché limitée. La tomate cerise représente plus des 3/4 de la production sénégalaise.

- Choix variétale

Le choix des variétés est un élément déterminant dans la stratégie d’un producteur. Les caractéristiques de la variété répondent de plus en plus à des exigences dictés par les marchés. En effet, chaque pays d’Europe à des exigences spécifiques en matière de calibre, de fermeté, de stade de maturité, de forme et d’aspect du fruit, de présence ou non du pédoncule, de taux de sucre (Brix), etc… La production en grappe implique une maturité des fruits groupée et bien répartis sur une grappe de dimention adaptée à la taille de la barquette, une rafle odorante qui reste fraîche dans le temps, etc… Il est également demandé à la variété d’assurer un rendement élevé et d’apporter des tolérances et résistances au divers agents pathogènes sévissant dans la région : virus, nématodes, maladies cryptogamiques…

Pour la région de St. Louis, les critères agronomiques de sélection variétale sont principalement :
– la fermeté des fruits permettant une mise en marché pouvant atteindre 20 jours ;
– le comportement de la plante en climat tropical : vigueur et nouaison ;
– la qualité des fruits : absence de collet vert, tolérence à la micro-fissure et à l’éclatement, taux de brix ;
– résistances aux virus Tycl et Tswv et aux nématodes ;

Le tableau suivant présente les différentes résistances rencontrées sur certaines variétés de tomate et sur les portes greffes. La résistance est définie comme haute ou standard (HR) ou comme intermédiaire ou modérée (IR). La résistance standard est considérée comme acquise pour les conditions culturales les plus fréquentes alors que la résistance intermédiaire n’est acquise que pour des conditions agronomiques optimum. Dans la pratique même les résistances classées (HR) peuvent être surmontées par le pathogène ou le parasite lorsque la souche présente dans la région est plus virulente ou que les conditions climatiques sont extrêmes. Par exemple, la résistance (HR) aux Nématodes des portes greffes peut être contournée si la température du sol dépasse 27 °C. Il en est de même pour la résistance au virus Tylc (IR) lorsque la température de l’air dépasse 30 à 35 °C, seuil pouvant varier en fonction des variétés.

Tableau 1 : Nomenclature internationale définissant la réaction des plantes aux ravageurs et aux pathogènes*

Afin de répondre à ces diverses exigences, les obtenteurs travaillent en étroite collaboration avec les producteurs et les clients pour mettre au point les variétés les plus performante. Celà a un coût, répercuté sur le prix de la semence, vendu entre 50 et 200 F Cfa la graine. Pour certaines variétés destinées à des marchés de niches à plus forte valeur ajoutée, l’obtenteur peut facturer sa prestation à l’hectare ou faire payer des royalties sur le volume commercialisé, pour l’usage d’une marque déposée pour une catégorie de produits très typée.

Cependant, la recherche variétale est essentiellement implantée dans les grands bassins de production, présentant un marché suffisamment important pour les obtenteurs. Ce n’est pas le cas pour l’instant du Sénégal. Aussi, il convient de sélectionner en priorité des variétés adaptées pour des pays présentant des conditions de production voisines de celle du Sénégal : Israël, Espagne et Maroc. Il serait vaint de présenter ici l’ensemble des variétés adaptées à chaque marché. Le choix d’une variété nécessite des essais agronomiques pour tester de nombreuses variétés et de réaliser des tests de commercialisation.

Production des plants

Les premières années, tant que la pression nématode et fusariose est maitrisable par la désinfection du sol ou des méthodes alternatives, le producteur a tout intérêt à utiliser des plants francs sur 1 bras pour la tomate classique et 2 bras pour la tomate cerise. Par la suite, il peut être nécessaire d’utiliser des plants à 2 bras greffés sur un porte greffe résistant. La production de ce type de plant nécessite des investissements spécifiques, un niveau de technicité très élevée et des règles d’hygiène très stric afin d’éviter la propagation des virus et des maladies bactériennes. La production de de type de plant est un métier à par entière. Dans la mesure où il n’existe pas pour l’instant de pépinièriste professionnelle au Sénégal, les plants greffés sont importés du Maroc. Cependant, l’importation de plants comprend le risque d’importer des pathogènes non identifiés au Sénégal à ce jour, comme le virus Tocv ou la bactérie Clavibacter michiganensis (Coryné). Le choix du pépinièriste est alors déterminant pour limiter ce risque.

La pépinière est constituée d’une serre canarienne spécifique, équipée de filets 20 x 10 parfaitement étanche, généralement doublé sur les parois, d’une brumisation et d’un réseau d’irrigation. A l’intérieure de la serre on trouve au minimum 3 compartiments : une sale noire humidifiée pour la germination, des tunnels ombrés à 20 % environ et plastifiés jusqu’à 1 m de haut pour la phase d’élevage des plants et une zone non ombrèe pour durcir les plants avant de les livrer à la ferme pour la plantation.

Les plants sont généralement produits à l’aide de plaques de semis en polystirène de 600 x 400 x 50 mm. Différents modèles de plaques sont utilisables en fonction du stade du plant souhaité lors de la plantation :
– 70 alvéoles d’un volume de 80 cm3 et d’une ouverture supèrieure de 40 mm : 70 plants 1 bras ou 35 plants 2 bras, stade 5 vraies feuilles ;
– 150 troues d’un volume de 35 cm3 et d’une ouverture supérieure de 30 mm : 150 plants 1 bras ou 75 plants 2 bras, stade 3 vraies feuilles ;
– 240 troues d’un volume de 20 cm3 et d’une ouverture supérieure de 25 mm : 240 plants sur 1 ou 2 bras, stade 2 vraies feuilles ;
– 315 troues d’un volume de 15 cm3 et d’un ouverture supérieure de 20 mm : 315 plants 1 feuille à greffer ;
A condition d’en prendre soin, ces plaques ont une durée de vie de 3 à 4 ans (renouvellement par 1/3 ou 1/4 à chaque campagne).

Pour la région de St. Louis, la principale contrainte est de réaliser des plantations groupées entre le 20 septembre et le 5 octobre afin d’être en pleine production dès le début du mois de décembre pour profiter des cours généralement élevés lors des fêtes de fin d’annnee. Une entrée en production groupée permet également d’avoir un volume suffisant dès la 1ère semaine afin d’ammortir les coûts de fonctionnement élevés des stations de conditionnement et d’intéresser les compagnies maritimes. Un plant nécessite 25 à 50 jours de pépinière selon qu’il soit gréffé ou non et selon son stade de développement. La surface de la pépinière dépend du nombre de plants à produire et du type de plaque utilisé. Un site de production de 50 ha de tomate cerise plantés à une densité de 40 000 bras / ha nécessite une pépinière d’environ 1,5 ha pour des plants élevés en plaques de 70 alvéoles et 0,2 à 0,4 ha pour des plants élevés en plaques de 240 troues. Pour une pépinière de surface limitée, il est préférable d’augmenter la densité de plants / m² plutôt que de réaliser 2 cycles de production. Outre l’économie de surface, bien que ces plants plus jeunes aient un décalage de production de 8 à 10 jours, leur reprise en cas d’Harmattan est meilleure.

Les substrats les plus utilisés sont constitués d’un mélange de tourbe blonde et de tourbe brune enrichie en engrais, spécialement adaptés pour les semis. Le sbustrat est humidifié avant de remplir les plaques de semis et légèrement tassé en ménageant un troue évasé de 3 mm de profondeur au centre de la motte à l’aide d’un moule. Après le semis manuel, les plaques sont recouvertes de vermiculite et empilées dans une chambre noir humidifiée, jusqu’à l’émergence des 1ères plantules. Les plaques sont ensuite posées sur des pots sous un tunnel d’ombrage. Les premiers jours l’arrosage se fait à l’eau clair avec une pomme d’arrosage. A partir du stade 1 à 2 feuilles vraies, la fertilisation est nécessaire.

- Disposition de plantation en fonction des types de serre

La largeur des chapelles d’une serre dépend de l’implantation de la culture. Pour la tomate, l’optimum est une distance de 185 à 200 cm entre les rangs ou les centres des doubles rangs. La distance de plantation sur le rang est déterminant sur le rendement et la qualité de la production. Elle est au minimum de 40 cm pour la tomate ronde standard et 25 cm pour la tomate cerise grappe. Une densité encore supérieure est parfois pratiquée afin de réduire le calibre des tomate cerise vrac. Le tableau suivant présentent les dispositifs de plantation et de densité optimum pour la région de St. Louis pour différentes structures.

Tableau 2 : Dispositif de plantation et densité pour différentes largeurs de chapelle

Le meilleur dispositif de plantation est une implantation de doubles rangs distant de 50 cm de part et d’autre d’une ligne de poteaux. Cette position libère entièrement les passe pieds pour les chariots de récolte et de traitements phytosanitaires. La plantation est réalisée à plat en pleine terre ou sur un billon recouvert d’un paillage plastique 40 µ. Dans le premier cas, il convient d’utiliser un produit de désinfection de sol ou un herbicide sélectif. Dans le second cas, les billons de 30 cm de large et 10 cm de haut sont réalisés avec un mini tracteur de type Kubota ou Ferrari. Une plantation en monorang est également une pratique courante pour des plants greffés et conduits sur 2 bras. Le positionnement des poteaux au niveau de passe pieds nécessite un écartement entre les billons de 2 m.

- L'installation de la culture

Lors de l’arrachage du précédant culturale ou de l’engrais vert, les éventuelles billons sont détruits à l’aide d’un cultivateur à dents rigides pendant que le sol est encore humide afin de retirer les dernières racines et d’aplanir le sol. Ce travail est complété par la passage d’un rotavator après l’épandage du composte sur les futures lignes de plantation. L’irrigation par aspersion permet d’humidifier le sol sur 40 cm de profondeur avant d’éfecter la désinfection du sol et la réalisation des billons. Ceux ci sont réalisés après avoir travaillé le sol à la rotobêche.

La plantation est réalisée après des irrigations successives sur plusieurs jours amenant le sol à sa capacité de rétention en eau maximum.

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