Ressources agronomiques sur les productions végétales au Sénégal

Riz - Guide du producteur
Partie I : La culture
L'aménagement d'un périmètre

Un bon aménagement doit permettre une irrigation et un drainage efficace des parcelles, ce qui implique leur parfaite horizontalité, condition indispensable à l’obtention de hauts rendements. Il doit également être adapté à la mécanisation.

- Parcelles adaptées à la mécanisation

Les aménagements actuels sont généralement inadaptés à la mécanisation. Les parcelles, trop petits, engendrent des maneouvres trop fréquentes. Ceci a pour conséquences une augmentation du temps de travail, une surconsommation de gasoil et une usure prématurée du matériel agricole. Une parcelle bien conçue se doit d’être rectangulaire et d’une surface minimum de 2 ha. Si la topographie le permet, des parcelles de 5 ha sont préférables.
La mécanisation des travaux de semis, de traitements herbicides et d’épandages d’engrais est souhaitable pour des exploitations de plus de 50 ha (voir culture mécanisée). Ce matériel travaillant sur une largeur standard de 18, 24 ou 30 m, les parcelles peuvent être conçus pour faciliter l’exécution de ces travaux.
Exemple : casiers de 180 m de large pour des outils de 18 m 

- Digues

Destinées à protéger le périmêtre des inondations, la cote de calage des digues est déterminée en considérant la crue de période de retour 50 ans en appliquant une revanche de 70 à 80 cm. Selon les normes de la SAED, la largeur en crête sera d’un minimum de 3 m. Les digues seront réalisées en remblais compactés à 90% OPM avec du matériau présentant un indice de plasticité compris entre 8 et 15. La pente des talus sera comprise entre 2/1 et 3/1.

- Le réseau d'irrigation

Le réseau d’irrigation conduit l’eau, de la station de pompage à la parcelle. Il comprend un canal primaire, parfois alimenté par un canal d’amené, des canaux secondaires et si besoin des canaux tertiaires (arroseurs). Le canal primaire est généralement tracé sur un des côtés du périmètre présentant la côte la plus élevée. Le dimensionnement du réseau devra permettre un débit maximum de pointe, en phase de mise en boue, estimé à 325 mm sur un mois au niveau de la parcelle. Le besoin brut doit tenir compte des pertes par percolation au niveau des canaux et des parcelles. La SAED considère une efficience comprise entre 45 et 55% selon la perméabilité du sol. Aussi, pour une irrigation assurée 7j/7j et 24h/24h, le débit devra être compris entre 2,3 et 2,8 l/s. Ce débit peut-être porté à 4 l/s pour des aménagements publiques où l’irrigation est assurée 6j/7j et 16h/24h, moyennant un surdimentionnement des canaux. Un débit de 2 l/s peut être appliqué pour des périmètres agro-industriels performants gérés en régie, en appliquant un model d’irrigation économe en eau.

Selon les normes de la SAED, la revanche sera de 30 à 40 cm pour les canaux et de 15 à 20 cm pour les arroseurs. Les canaux primaires et secondaires seront réalisés en remblais compactés à 90% OPM avec du matériau présentant un indice de plasticité compris entre 15 et 30.

La pente des talus sera généralement de 3/2. Afin d’éviter l’érosion du canal et les dépôts de limons, la vitesse d’écoulement des canaux compactés doit être comprise entre 0,2 et 0,7 m/s, ce qui correspond à une pente longitudinale de 0,1 à 0,8 pour 1000. Pour les arroseurs non compacté, la vitesse d’écoulement ne doit pas excéder 0,4 l/s. Si la pente naturelle du terrain est supérieure, il convient de réaliser des ouvrages de chute en béton régulièrement espacés, après chaque prise d’alimentation des parcelles. Il convient également d’éviter d’avoir des canaux en terre dont le fond se trouverait beaucoup plus élevé que le terrain naturel car on augmente le volume de remblai à réaliser et les pertes par infiltration latérale. L’idéal est de réaliser les canaux à demi enterrés, en prévoyant des seuils à intervalles réguliers afin d’augmenter le niveau de la ligne d’eau qui doit surplomber les parcelles d’au minimum 20 cm. L’alimentation de la parcelle est assurée par un ou deux tubes PVC de Ø 200 mm, selon la taille des parcelles, dont l’ajustement du débit est réalisé par un coude.

- Réseau de drainage

Le réseau de drainage devra être dimensionné pour évacuer au bout de 72 heures la pluie cinquantenale de 24 heures de l’ensemble de la cuvette. La ligne d’eau dans les colatures devra être calée à 1 m sous le terrain naturel en sol salé et 30 cm dans les autres cas. Les vitesses admissibles et les pentes longitudinales des drains seront similaires à celles des canaux. Le collecteur de drains fait face au canal principal, sur le côté opposé du périmètre, de préférence au niveau d’un talweg (zone d’écoulement naturel des eaux pluviales). Le drainage déune parcelle est assuré par 2 buses PVC de Ø 200 équipées de coudes placées sur les drains. Une station d’exhaure assure l’évacuation des eaux de drainage du périmètre. Pour les eaux chargés en sel, le point de rejet sera de préférence un adducteur de drainage, comme l’Emissaire de drainage du Delta, lorsqu’il existe dans le delta du fleuve Sénégal. Dans la moyenne et haute vallée, où la charge en sel est faible ou nul, le point de rejet peut-être une dépression boisée. Un bassin de lagunage en amont de la dépression permettra de recueillir les éventuels résidus d’herbicides et de nitrates. Les rejets directs dans le fleuve Sénégal ou un marigot sont à proscrire. Dans le delta du Sénégal, pour une nappe phréatique salée inférieure à 2 m de la surface du sol, il faudra impérativement prévoir un réseau de drainage permettant de rabattre cette nappe.

- Pistes

Le tracé des pistes d’accès au périmètre et aux stations de pompage et d’exhaure, d’une largeur de 5 à 7 m, sera réalisé sur les lignes de crête. Son calage devra prendre en compte les niveaux de crue possibles à travers les thalwegs et autres dépressions existants. Ces pistes seront si possible recouvertes d’une bande de roulement de 15 cm de latérite. Le tracé des pistes à l’intérieur du périmètre desservant les parcelles, d’une largeur de 4 à 6 m, seront prévues de part et d’autre des drains. Elles sont constituées de remblais de 40 à 50 cm de haut, provenant du drain et du nivellement des parcelles adjacentes. Les tracteurs et moissonneuses batteuses ont ainsi accès en permanence aux parcelles, sans qu’il soit nécessaire de détériorer des diguettes. Par mesure d’économie, il est possible de ne rehausser les pistes qu’aux intersections d’un groupe de 4 parcelles. La piste est alors bordée d’un côté par un arroseur et de l’autre par un fossé d’évacuation des eaux de pluies et une diguette. La continuité du fossé est  assurée par des buses.

Toutes les pistes seront réalisées en remblais compactés à 90% OPM, en ménagent une pente transversale de 1 à 3 % afin d’éviter la stagnation des eaux de pluie.

Figure 1 : Schéma type de périmètre rizicole

- Les parcelles

L’implantation des parcelles rectangulaires veillera à ce que le côté le plus long soit de préfèrence perpendiculaire aux courbes de niveaux et si possible aux vent dominant. Les parcelles sont tracées entre un arroseur et un collecteur de drains, distants l’un de l’autre de 200 à 400 m (figure 1). Ils sont séparés entre eux par des diguettes réalisées avec la terre de déblai. Après défrichement, le sol suffisamment humide est travaillé puis nivelé au scraper. La finition est grandement facilitée par l’utilisation d’une lame niveleuse à guidage laser. Le nivellement est jugé correct lorsque l’écart entre le point le plus bas et le plus haut au sein de la parcelle est inférieur à 5 cm. L’irrigation et le drainage de la parcelle sont facilités par des sillons d’environ 15 cm de profondeur et 30 à 40 cm de large, réalisés à l’aide d’une fraise rotative après la préparation du lit de semence, qui relient la prise d’irrigation aux prises de drainage. Elles peuvent être réalisées dans le sens de la longueur, la première à 24 m du bord et les suivantes tous les 48 m.

- Gestion de l'irrigation

Une parfaite maîtrise de l’irrigation est la première condition à la réussite d’une culture. Le besoin en eau varie entre 120 et 180 m3/ha/jour selon la nature du sol, la saison et le stade de la culture, avec une pointe de 400 à 600 m3/ha/jour lors de la mise en boue précédent le semis. La lame d’eau permanente dans les rizières a pour but de créer un microclimat assurant une humidité de l’air et un volant thermique au niveau de la culture, particulièrement important lors de la floraison afin de limiter les phénomènes d’avortements. Elle contribue également à limiter le développement des mauvaises herbes. A condition de maitriser l’enherbement, en sols non salés, il est possible du semis à la montaison, d’irriguer par intermittence en assurant des phases de ressuyage. Cette aération du sol est favorable au développement racinaire et au tallage. Sur le plan environnemental, elle permet de limiter la formation de méthane, un gaz responsable du réchauffement climatique, au profit d’un dégagement de dioxyde de carbone favorable à la photosynthèse.

Une pré-irrigations est nécessaires pour effectuer le travail du sol dans de bonne condition et si nécessaire pratiquer un faux semis afin de détruire les mauvaises herbes difficiles à contrôler en cours de culture. Le semis est effectué à la volée dans un lame d’eau de 3 à 5 cm, soit en enrobant la semence avec un savon liquide, soit en assurant au préalable une pre-germination de la semence. Lors de la germination et de la levée, une graine immergée trop longtemps risque de s’asphyxier et de mourir. Six à huits jours après semis, il est donc conseillé de pratiquer un assec (asséchement naturel ou provoqué par drainage pendant 24 à 48 h). Ensuite, le très jeune plant de riz supportera difficilement d’être noyé. Il conviendra de maintenir une lame d’eau de 1 à 2 cm jusqu’au stade 4 à 5 feuilles puis d’élever progressivement le niveau de la lame d’eau en fonction de la croissance des plants jusqu’au stade montaison, sans excéder 8 cm. De l’épiaison au stade grain pâteux, la lame d’eau sera maintenue entre 5 et 10 cm.

Les phases germinatives et reproductives sont sensibles à la salinité. En sol salé, une ou plusieurs pré-irrigations suivies de vidanges doivent permettre d’évacuer le sel accumulé à la surface. Au lieu de pratiquer un assec après semis, qui a pour conséquence d’augmenter la concentration en sel de la solution du sol, il sera maintenue une très fine lame d’eau de 1 à 2 cm. Il sera évité de pratiquer des assecs pour l’application des herbicides. Entre les stades 5 feuilles et montaison, il est possible de réduire la concentration en sel par des vidanges, immédiatement suivi d’une remise en eau rapide des parcelles. De l’épiaison au stade grain pâteux, la lame d’eau sera maintenu à un niveau constant.

 

Pour le schéma de la figure n°1, la mise en eau d’un bloc de 48 ha nécessite environ 20 d’heures d’irrigation par jour pendant 5 jours (environ 1 500 m3/ha). La semaine suivante on effectue la mise en eau des 48 ha restants. Le niveau d’eau (N) souhaité dans les parcelles (0 à 12 cm) est fonction du stade de la culture et des différentes opérations culturales. A partir de la 9ème semaine les vannettes de toutes les parcelles restent ouvertes. L’épaisseur de la lame d’eau étant maintenue à 8 cm ± 2 cm, la dernière irrigation intervient 21 jours environ avant la date de récolte déterminée à l’aide du calendrier cultural (voir Calendriers culturaux). Le drainage des parcelles intervient 15 à 25 jours avant la récolte.

Sommaire

Partie 1 : La culture

Partie 2 : L'exploitation

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