Ressources agronomiques sur les productions végétales au Sénégal

Riz - Guide du producteur
Partie I : La culture
L’itinéraire technique

A la préparation du sol, l’apport d’engrais phosphaté est indispensable. Le désherbage est l’opération la plus délicate de la culture du riz.

- L’implantation de la culture

Le déchaumage en terrain frais, dès la récolte du précédant cultural, permet d’obtenir une terre meuble sur 10 à 15 cm. Une préparation trop superficielle limite le développement racinaire et donc le rendement. Mais le décompactage du sol est inutile et même inadapté à la mécanisation, puisque l’on cherche à créer un semelle de labour artificielle sur laquelle les roues du tracteur viendront se reposer. Pour améliorer la levée et en vue d’une mécanisation des opérations culturales – semis, épandage et traitement des parcelles submergées – un passage de rouleau rayonneur avant la mise en eau est conseillé.
La semence est prégermée dans des sacs permettant un accroissement de volume de 15%. Lors de la mise en eau de la parcelle, elle est plongée dans l’eau 24 h et mis à incuber 48 à 72 h à l’abris du vent, jusqu’à l’apparition du germe. Le semis à la volée est réalisé dans une lame d’eau de 3 à 5 cm, manuellement ou à l’épandeur d’engrais avec un tracteur équipé de roues squelettes. Cinq à huit jours après semis, la parcelle est asséchée pour oxygéner le sol afin de favoriser la levée et l’enracinement.
L’objectif est d’obtenir un peuplement de 200 à 250 plantes par mètre carré avec une répartition homogène sur l’ensemble de la parcelle.

- La fertilisation azotée

Un apport de 300 kg d’urée couvre les besoins de la culture. L’AfricaRice conseil 3 apports :
            – 120 kg début tallage au stade 4 feuilles.
            – 120 kg au stade paniculaire (stade caractérisé par une feuille plus haute que les autres).
            – 60 kg à l’épiaison.
Le fractionnement en 3 apports au lieu de 2 permet un grain de rendement pouvant atteindre 0,5 t/ha. Les épandages se fond dans une lame d’eau maintenue à 3 cm pendant 3 à 4 jours.

- La fertilisation phosphatée

Un apport de phosphate est indispensable pour la plupart des sols de la vallée. Le phosphate d’ammoniac 18-46 donne des résultats équivalents au superphosphate 45 complété par le l’urée. L’apport recommandé par l’AfricaRice est de 100 kg/ha, à épandre soit avant la préparation du lit de semis soit 15 jours après semis. En sol carencé, l’apport peut-être porté à 150 kg/ha. En absence de fumure phosphatée, le rendement est réduit, l’égrenage en cas de récolte retardée est important et le taux de riz blanc à l’usinage est faible.

- Le désherbage en cours de culture

Un désherbage soigné est la condition primordiale à l’obtention d’un rendement élevé. Des herbicides efficaces et bon marché, associée à la pratique du semis direct, permet l’exploitation de surfaces importantes, avec une très bonne maîtrise de l’enherbement.
Un bon riziculteur intervient dès la première année d’exploitation, afin d’éviter les montées à graines de graminées (Echinochloa) et de dicotylédones ainsi que la multiplication de bulbes ou de rhizomes : cypéracées, thypha…  Avant semis, l’utilisation d’un désherbant total est de règle dès la présence de plus de 1 à 2 adventices/m² voir «Destruction des herbes levées avant le semis »). L’autre règle essentielle est d’intervenir très tôt contre Echinochloa car la plupart des produits sont peu efficaces sur des graminées de plus de 3 feuilles. Aujourd’hui, l’adoption de programme de désherbage comprenant 2 traitements se généralise dans de nombreux pays rizicoles :
– le 1er au semis ou au stade 1 à 3 feuille contre Echinochloa.
– le 2ème au stade 2 à 5 feuilles contre les dicotylédones et les cypéracées.
Le tableau 4 présente la liste des principaux  herbicides sélectifs du riz. Le  propanil associé au 2.4.D sont les matières actives les plus utilisées dans la vallée. Le Londax, des herbicides antigerminatif, sont également très utilisé au Sénégal. Il est épandu à la bouteille en goutte à goutte dans l’eau de la rizière.

Les principaux programmes de désherbage préconisés par les centres de recherche sont présentés à la figure 6. Les 3 premiers sont réservés à des parcelles peu infestées ; le 4ème assure une très bonne maîtrise des adventices. Le dernier particulièrement performant est, à cause de son coût, réservé à des parcelles très enherbées et à la production de semence. 
La pulvérisation de bouillies herbicides est un travail délicat, à confier à du personnel bien formé. Pour les produits de contact (2.4.D, Propanil…) le traitement se fait à la fraîcheur, le matin ou le soir, lors d’un assec sur sol encore humide. La parcelle est remise en eau 24 h après le traitement et une lame d’eau de 8 cm est maintenue pendant 5 à 7 jours : en quelques jours, les graminées pourrissent alors que le riz traverse  la lame d’eau. Les produits à épandre dans l’eau de la rizière, en goutte à goutte à la bouteille, sont faciles d’utilisation, ainsi que les herbicides granulés (Molinam) épandu à l’atomiseur (kit poudrage) ou à l’épandeur d’engrais.

Tableau 5 : Principaux herbicides sélectif du riz

- Destruction des herbes levées avant le semis

Le riz est très sensible à l’infestation d’adventices en début de culture. Aussi, le semis se fait impérativement en sol parfaitement propre, soit moins de 1 à 2 herbes germées / m² et aucune à un stade supérieur à 2 feuilles. L’enherbement des casiers avant la mise en culture est contrôlé avec des herbicides totaux essentiellement à base de glyphosate, tel que Roundup, Touch Down, Kalach… Ces produits sont absorbés par les feuilles et véhiculés jusqu’aux racines qui dépérissent en quelques jours. L’efficacité de ces herbicides est fortement renforcé par l’acidification et l’ajout d’un adjuvant (voir « Agronomie, Partie I : Phytosanitaires »). Les modalités d’application sont les suivantes :

Juste avant semis

En présence de graminées à un stade entre 1 à 3 feuilles, appliquer 1 à 2 l/ha d’une spécialité commerciale contenant 380 g/l de glyphosate + acide + adjuvant. Deux jours après l’application, mettre en eau la parcelle (3 à 5 cm), vidanger et remettre en eau pour procéder au semis.

Méthode du faux semis

Cette méthode est utilisée sur les parcelles dont les herbes sont montées à graine l’année précédante, en présence de bulbes ou en cas d’infestation de riz sauvage. Environ 10 jours après une pré-irrigation, la parcelle est travaillée par 2 passages d’offset croisés et immédiatement mise en eau. Un assec est pratiqué 8 à 10 jours après pour permettre un traitement herbicide avec 1 l/ha de Ronstar et de 3 l/ha d’une spécialité commerciale contenant 380 g/l de glyphosate + adjuvant + acide. Deux jours après le traitement, la parcelle est maintenue en eau pendant 8 jours, vidangée et remis en eau avant d’être semée.

Destruction des friches

La destruction des plantes vivaces tel que les cypéracés et le chiendent est pratiquée de préférence lorsque la végétation est en floraison, soit généralement juste après la récolte du riz. Appliquer 6 à 8 l/ha d’une spécialité commerciale contenant 380 g/l glyphosate + adjuvant + acide. Un délai de 7 jours est nécessaire avant d’entreprendre le travail du sol. Pour des parcelles très infestées, les bulbes de cypéracés et les rizomes de chiendent enfouis en profondeur et en dormance lors de l’application de l’herbicide peuvent nécessiter une deuxième application.

- Lutter contre les mauvaises herbes en cassant la monoculture

L’introduction d’une culture, en contre saison froide par exemple, permet de limiter le développement des plantes aquatiques tels que les cypéracées. La patate douce est très cultivée dans les pays d’Asie dans les rizières argilo-sableux. Plantée de novembre à décembre et récolté mai, elle produit de haut rendement (20 à 30 t/ha). Le sorgho et le maïs sont également des cultures adaptées aux rizières, quelque soit le type de sol, excepté dans le delta ou les sols sont salés. Les hybrides développés au Sénégal permettent des rendements de 6 à 8 t/ha de grains en culture irrigué avec un cycle de 80 à 110 jours. Le soja et le niébé sont également de très bon précédants pour le riz car ils enrichissent le sol en azote. Tous ces cultures constituent de bons aliments pour le bétail. Les cultures légumières sont égalements possibles sur les sols non salés les plus sableux, comme la tomate d’industrie ou l’oignon.

Sommaire

Partie 1 : La culture

Partie 2 : L'exploitation

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